A l'abri de la pluie

( de la grand place)

Le renard lui prit la main, faisant bien attention que la jeune personne à son côté ne tombe pas. Il lui semblait si faible et vulnérable. Lui n'était pas quelqu'un de dangereux mais qui savait sur qui Léon allait tomber à l'avenir. Un jeune homme abandonné qui n'avait ni revenu ni famille. Il se forçait pour ne pas courir se mettre à l'abri de cette pluie qui lavait la ville sans rien demander en compensation.

Il entendit le jeune homme souffler des mots mais il ne les compris pas. Sa main tremblait dans la sienne et il commençait vraiment à s'inquiéter pour lui. Finalement, la pluie qui plaquait ses mèches d'argent sur son visage le décidèrent à prendre l'adolescent dans ses bras.

Entrant dans la pièce, il se rendit à une table et l'y assit avant de prendre place à ses côtés.


" Désolé, je n'apprécie que moyennement la pluie."

Le gentil monsieur le prit dans ses bras, la pluie battait de plus belle. Léon se laissa faire sans mot dire. Il posa sa tête sur l’épaule de l’homme qui avait eut la bonté de le porter sans ne penser à rien d’autres qu’à la chaleur d’un foyer.
Enfin, ils arrivèrent à l’auberge où le contraste de température y était frappant. Gabriel le posa précautionneusement sur une chaise avant de s’installer à ses côtés en s’excusant une nouvelle fois, précisant qu’il n’aimait pas trop la pluie. Léon ne dit rien. Emmitouflé dans sa veste trempée, le jeune Kemos grelottait. Il faisait un effort considérable pour ne pas claquer des dents.

« Oh là la ! Vous êtes trempés ! Allez, enlevez-moi vite ça avant de tomber malade, tous les deux ! »

Léon avait passé la journée dehors comme bien souvent en compagnie de sa grande soeur. Il s’était subitement mis à pleuvoir et ils avaient du courir pour rapidement se mettre à l’abri. Sa mère à ce moment-là leur avait fait retiré leurs vêtements trempés et emmitouflé dans de chaudes couvertures. Il se rappelait du potage aux légumes qu’elle leur avait ramené en les installant près du feu.

Les yeux mi-clos, Léon repensait à ces évènements du passé. Il s’en servit comme d’une leçon et retira donc sa longue veste trempée. Il la posa sur le dossier de sa chaise. Un peu plus loin dans l’auberge, il aperçut un feu ouvert. Il interrogea Gabriel de ses yeux changeants passant alternativement du Kemos au feu qui crépitait dans la cheminée. Il ne prononça aucun mot, n’émit pas le moindre son, son regard à lui seul suffisait pour faire comprendre qu’il voulait comme dans ses souvenirs, s’installer près du feu afin d’y bénéficier de sa douce chaleur.

Léon réalisa qu’il pleurait lorsque Gabriel lui en demanda la raison. Il ne prit cependant pas la peine de sécher ses larmes, c’était inutile. Léon se laissa tomber sans gêne dans les bras de son vis-à-vis et le serra très fort sans cesser de pleurer.

« Je veux rentrer chez moi. Je veux revoir ma famille. Je ne veux plus être seul… » sanglota-t-il.

Le jeune Kemos ne se soucia pas de ce que pouvait ressentir son interlocuteur suite à sa réaction, il ne réfléchit pas au fait que son étreinte soudaine pouvait embarrasser ce dernier mais il ne s’en préoccupa pas. Il avait besoin d’affection, il avait besoin de ressentir une étreinte, la chaleur d’un corps. Il avait besoin d’amour, d’un amour familial. Il savait qu’il ne le retrouverait plus, qu’il ne reverrait plus jamais les siens que toute cette époque n’était plus que des souvenirs.
Comme ces soirées quotidienne qu’ils passaient tous les quatre auprès du feu. Ce même feu qu’avait dû utiliser Léon pour réduire à cendre les corps inertes de sa famille ainsi que ceux des assassins qui leur avaient ôter la vie, il avait vu sa maison se faire rongée par les flammes, il avait vu le feu détruire tout ce qui comptait le plus pour lui et pourtant, il aimait encore cet élément parce qu’il lui permettait de revoir tout ces instants perdus à jamais, il lui permettait de ne pas oublier.

Léon ferma les paupières et serra Gabriel un peu plus fort. Il voulait que cet instant ne s’arrête pas, il voulait qu’il dure éternellement. Mais il savait bien que rien n’est éternel, que tout n’est qu’éphémère, même les souvenirs auxquels il s’accrochait.
On dit que seul les écrits restent mais non, ses dessins avaient eux aussi été emportés par les flammes.

« Pardon… » murmura le jeune Kemos.

L’homme se montrait compréhensif et serrait tendrement le jeune garçon dans les bras comme s’il avait été son grand frère, le rassurant avec de gentilles paroles pleines de compassion. Léon ferma les yeux et se décrispa totalement, tandis que Gabriel le berçait lentement et lui caressait doucement les cheveux, cela lui faisait du bien.
En fermant les yeux, le jeune Kemos crut apercevoir le visage de sa sœur pendant une fraction de seconde mais cette image était bien distincte, les larmes continuaient de couler tandis que l’image de sa sœur s’estompait.

« Pleure si ça peut te faire du bien… » avait dit le jeune homme.

Léon ne se gêna pas, en même temps, il n’aurait pas été capable d’empêcher ses larmes de couler. Lentement, le sommeil commençait à l’emporter. S’est ainsi que le jeune Kemos s’endormit dans les bras de son bienfaiteur.

Léon rêva. C’était un beau rêve dans lequel il revoyait toutes les rencontres qu’il avait faites depuis qu’il avait quitté son village d’origine. Dans son rêve il revit Jaïleena puis Mizuki et enfin Gabriel, cet homme si gentil dont il ignorait encore le nom.
Dans son rêve, le soleil brillait sur la plaine, tous riaient joyeusement et discutait tout en mangeant de bonnes choses que sa maman avait préparées car sa mère était une excellente cuisinière, son père, lui, était aux cotés de sa femme qu’il ne cessait de complimenter.
Et pendant que tout ce joli monde s’amusait, Camélia entre tous, leur offrait une merveilleuse danse au milieu de fleurs et de danseuses de glaces et de papillons.
Dans son rêve, Léon souriait, chose simple qui lui était impossible de réaliser dans la réalité, pourquoi ? Nul n’aurait su le dire… Le jeune garçon souriait donc, heureux de voir tout ceux qu’il aimait, toutes les personnes qui étaient chères à son cœur et immortalisait ce moment en le reproduisant sur une toile.

Lorsque Léon se réveilla à cause du froid et de la faim, il était allongé sur le lit. Il ouvrit lentement les yeux et regarda autour de lui, puis se redressa à moitié pour analyser la pièce. Lentement, son rêve s’estompait, il ne voulait as l’oublier mais c’était malgré lui. Il aurait voulut pleurer mais il avait déjà vidé toutes les larmes de son corps.
Quand il aperçut Gabriel, le jeune garçon l’observa un long moment avant de déclarer lentement de sa douce voix :

« Je m’appelle Léon. »

(Je sais, j'ai aucune excuse mais je suis totalement débordé TT Pardon)

Le petit avait pleuré dans ses bras et il s'était senti gagné par ces sentiments si tristes qu'il lui pourfendaient le coeur. Cependant, il n'y pouvait rien, il n'avait pas le pouvoir de rendre aux gens leur bonheur brisé. Lui-même avait connu le malheur lui-même avait connu la souffrance. Il savait que les mots ne pouvaient suffire à rendre sa sérénité à un coeur malheureux.

Mais l'adolescent se fit soudain plus lourd dans ses bras et il se rendit compte que ses sanglots s'étaient tus. Il pencha la tête sur le côté et le vit doucement endormi. Alors, avec un petit sourire tendre, il le glissa habillement entre les draps. Après avoir pleuré, souvent, dormir faisait le plus grand bien.

Il le laissa pour aller allimenter le feu et regarder celui-ci. C'était quelque chose qu'il aimait beaucoup : regarder la danse passionnée de ces flammes brûlantes. C'était à la fois fascinant et revigorant mais il n'y mettrait pas les doigts, il n'était pas du genre à aimer se brûler. Il se retourna vivement lorsque la voix se fit entendre et il sourit à son compagnon, délaissant son occupation pour venir s'asseoir auprès de lui.

" Enchanté, je m'appèle Gabriel... Tu as bien dormi ? Ca va mieux ?"

(Ce n'est rien, ça fait plaisir de te revoir)


Le jeune homme vint s’asseoir à ses cotés et lui apprit qu’il s’appelait Gabriel.

« Gabriel… » murmura lentement le Kemos pour mieux mémoriser.

Comme toujours, il mit un certain temps avant de répondre aux questions qu’on lui posait. Léon observait la pièce puis s’attarda sur les flammes dansantes qu’il observa longuement avant d’enfin répondre d’un signe de tête affirmatif que oui il avait bien dormi et qu’il se sentait mieux.
Il n’eût pas a ajouté qu’il avait faim son estomac s’en chargea pourtant il restait impassible, n’éprouvant aucune gêne ni aucune envie. Enfin… Si plus que la faim, l’envie de dessiner le torturait.

Léon se dégagea de la couverture et sortit du lit. Le jeune garçon resta debout, immobile pendant un moment puis lentement il tourna la tête vers Gabriel et plongea ses yeux changeants dans les siens :

« Mon manteau… » dit-il doucement.

Cela aurait pu paraître impoli de l’exprimer ainsi de manière aussi crue mais Léon avait du mal à formuler ses phrases et son envie, non, ce besoin pressant qu’il avait de dessiner ne l’aidait pas d’avantage. Le jeune Kemo se rappelait avoir laissé le crayon vert que Jaïleena lui avait prêté et qu’il avait oublié de lui rendre dans sa veste. Sa veste qu’il avait d’ailleurs laissée à l’étage inférieur, sur le dossier d’une chaise.

Le jeune garçon se dirigea vers la porte, l’ouvrit et sortit de la chambre sans prendre le temps de la fermer. Il descendit les escaliers en prenant bien soin de se tenir à la rampe. Enfin, il arriva dans la pièce d’origine dans laquelle il jeta un regard circulaire. Enfin, il repéra sa veste, toujours sans se presser, il s’avança vers celle-ci et s’en saisit. Il la souleva d’une main et de l’autre chercha son crayon dans l’une de ses poches. Ce simple geste l’épuisait assez, sa veste se trouvant alourdie par la pluie, encore trempée, d’ailleurs, des gouttes continuaient de tomber sans silence sur le sol.

Léon s’empressa de sortir son précieux dessin de sa poche intérieure. Il laissa choir sa veste sur le sol et s’empressa de déplier le papier.
Par miracle, l’œuvre n’avait pas été endommagée, Léon, soupira de soulagement et serra contre son cœur l’unique souvenir matériel qu’il gardait de sa famille sans se soucier de l’étrangeté du fait qu’il ne soit pas mouillé comme il aurait du l’être étant donné l’état de la veste…

(merci, c'est gentil)

Gabriel devait bien reconnaître que c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un d'aussi bizarre. La conversation avait pourtant bien commencé par un traditionnel échange de nom. Il aurait dû le faire plus tôt mais la situation n'avait pas été assez appropriée à cet échange. Qu'à celà ne tienne, il était toujours plus que temps de se rattraper et de se montrer aussi civilisé qu'il savait l'être en ville. Après tout, c'était une chose de vivre en pleine forêt et une autre de séjourner quelques temps en ville.

" Ton manteau ?"

Il le chercha des yeux dans la pièce, notant les gargouillis du ventre de son compagnon dans un coin de sa tête. Seulement, voilà, il n'y avait pas un seul morceau de tissus qui puisse s'approcher de ce dont il avait le souvenir. De toute façon, l'adolescent, lui, semblait savoir, sortant et descendant... Il hésita durant un court instant puis le suivit à son tour, curieux de nature. Ah oui, il s'en souvenait maintenant, quand la pluie les avait surpris et qu'ils étaient entrés....

*J'avais raison...*

Oui, la cape était bien en bas. Mais il ne savait pas ce que son invité comptait en faire, elle était encore tellement sombre, chargée d'humidité. Pourtant, l'autre la prit sans hésiter mais au lieu de remonter avec, il fouilla sa poche puis laissa tomber le tissu tremper. Par habitude, Gabriel le ramassa pour le remettre à pendre devant la cheminée. Ensuite, seulement, intrigué par le morceau de papier, il vint regarder par-dessus son épaule.

"C'est très beau, c'est toi qui l'a fait ?"

Gabriel arriva derrière lui tandis qu’il observait le dessin qu’il avait si tendrement serré contre lui quelques instants plus tôt. Le Kemo acquiesça doucement lorsque le jeune homme lui demanda si s’était lui qui l’avait fait.
Léon hésita, regardant alternativement le dessin et son interlocuteur mais finalement plutôt que de le lui tendre afin que celui-ci puisse l’examiner de plus près, il le plia soigneusement et l’enfonça dans une large poche de son pantalon. C’était l’unique souvenir matériel qu’il gardait de sa famille et il était trop précieux pour lui pour que quiconque à part lui y touche.

Le jeune garçon avait de la chance d’avoir des poches dans ses vêtements. Sa mère y avait penser en les lui confectionnant car il prenait toujours du papier et des crayons avec lui. Elle avait donc songer qu’il serait plus pratique pour lui de les emporter avec lui en les mettant dans de grande poche et elle avait bien anticiper !
Mais cette fois-ci, Léon n’avait rien dans les poches, ni crayons ni papiers et il avait sincèrement envie de dessiner. De dessiner n’importe quoi ! Mais de dessiner quelque chose. Et il n’avait rien sous la main pour se faire ce qui lui était une véritable torture malgré le fait que le garçon restait de marbre, sans montrer son émotion plus parce qu’il ne pouvait pas que parce qu’il ne voulait pas.

« Je veux dessiner. » déclara-t-il de sa voix douce et discrète. « Mais je n’ai pas de crayons ni de papiers » ajouta-t-il.

Il leva les yeux vers Gabriel, lui implorant silencieusement de l’aide. Priant intérieurement d’une certaine manière pour que celui-ci trouve une solution à son problème. Entre-temps, son ventre continuait de gargouiller…

Le jeune homme eu la gentillesse et l’amabilité de lui trouver ce qu’il avait demandé. Léon hocha doucement la tête lorsque ce dernier lui tendit le matériel.

« Merci. » murmura-t-il doucement.

Le garçon s’installa sur une chaise, posa soigneusement la feuille sur la table, maintenant le crayon dans sa main, tandis que son regard allait circulant dans la pièce, il commençait de faire tournoyer doucement l’objet entre ses doigts avec une certaine habileté.

Enfin, il se pencha sur sa feuille et posa la pointe du crayon sur la page vierge puis, entama des traits se dessinèrent sur la feuille blanche, avec souplesse et habilité, le jeune garçon reliait entre eux ses traits, créant ainsi des formes, de plus en plus reconnaissable.
Léon dessinait la pièce dans laquelle il se trouvait, sans omettre les moindres détails, jusqu’à la plus petite étincelle du feu crépitant.

Le jeune Kemo était capable de représenter la réalité tel qu’il la voyait, sans sembler en éprouver de la difficulté. Il travaillait autant les formes que le volumes et les ombrages. Léon était plongé dans son œuvre, il semblait ailleurs, complètement étranger au monde matériel dans lequel il se trouvait pourtant.

Léon dessinait, paisible et – n’ayons pas peur de le dire – heureux. Il n’était en effet heureux que lorsqu’il dessinait. Ainsi, son esprit était il entièrement consacré à son œuvre et il en oubliait le reste, c'est-à-dire, la faim, le froid, la solitude, la peur des lendemains…

Lorsque enfin il eût terminé, il posa doucement son crayon sur la table et prit la feuille entre ses mains. Il l’observa longuement à distance, en tendant les bras. Satisfait, il reposa la feuille sur la table, pivota, reprit la feuille et l’offrit à Gabriel qui l’avait observé pendant tout ce temps, tous ses gestes étaient lents et précis, pour ne pas dire raillés comme ceux d’un automate.

« C’est pour toi. » dit-il de sa voix douce.

Le garçon observa longuement le jeune homme de ses yeux changeants avant de finalement déclarer qu’il avait sommeil. En effet, ces derniers jours ou plutôt, depuis l’incident, Léon n’avait plus de domicile et errait sans arrêt dans la ville sans savoir où aller et où ses pas le mèneraient. Il vivait donc ainsi au jour le jour depuis quelques temps. Il n’aimait pas particulièrement cette nouvelle existence nomade mais avait-il vraiment le choix ?

Sans attendre, il se leva, se mit sur la pointe des pieds en tirant sur l’habit de Gabriel avec douceur afin qu’il s’abaisse un peu et de ses lèvres sèches posa un bisou silencieux sur sa joue droite. Il faisait toujours la bise à sa famille avant d’aller dormir s’est ce qu’on lui avait enseigné, il ne savait pas que cela pouvait être mal vu ou mal interprété avec un inconnu mais il n’y pensait pas. Pour lui Gabriel était gentil comme sa famille, cela suffisait. Ceci fait, il se dirigea vers les escaliers qu’il monta à son rythme sans se presser, lorsqu’il atteignit la chambre il en ouvrit la porte qui grinça doucement, puis se dirigea vers le lit dans lequel il se laissa tomber sans prendre la peine de se glisser sous la couverture ni d’enlever ses chaussures. Ses paupières alourdies se fermèrent et il sombra bientôt dans un profond sommeil sans rêve…


[Je pense que pour moi le sujet est terminé, je te laisse le soin de le clôturer, ce fut un plaisir de jouer avec toi]

[HRP: Oui, merci, c'est gentil, désolé pour ma lenteur de réponse^^]

Gabriel était très content et très heureux, c'était la première fois depuis longtemps qu'on lui faisait un cadeau. Il garda la dessin contre lui un long moment avant de le ranger avec délicatesse. Demain, il irait acheter un cadre pour le conserver sans l'abimer. Sa maison était peut-être une vieille ruine sans prétention mais il serait fier de l'y mettre.

"Merci."

Le jeune garçon semblait fatigué et il se doutait qu'il dormirait bientôt. Il fut surpris par le baiser sur sa joue, s'étant instinctivement abaissé à sa hauteur mais ça lui fit plaisir. Il n'interpréta pas mal le geste, comprenant qu'il lui souhaitait bonne nuit à sa façon.

" Bonne nuit..."

Attendrit, il resta un instant auprès des flammes avant de le laisser. Demain, chacun reprendrait sa route et chacun garderait au coeur le doux souvenir d'une rencontre... Juste pour quelques instants... A l'abri de la pluie.